Il y a des startups qu’on croise dans le paysage de la tech française sans jamais les voir disparaitre. Fondée en 2002, Lucca, solution SIRH, publie aujourd’hui ses chiffres pour l’année 2024 et affiche une croissance insolente. «Pendant près de 10 ans, l’entreprise n’a pas vraiment grossi. C’est à partir de 2012 que la croissance a décollé pour ne plus s’arrêter ou presque», confie Gilles Satgé, président fondateur de Lucca.
La scaleup revendique un ARR de 58,4 millions d’euros, en croissance 38% pour l’année 2024. Depuis 2020, Lucca affirme avoir un taux de croissance annuel moyen de 44,6%. «Le marché des SIRH a une croissance entre 10 et 15% par an», reconnaît Gilles Satgé. «Nous avons un angle plutôt collaborateur / manager avec des logiciels qui sont, par nature, plus faciles et plus simples à déployer. Ils sont plus faciles à utiliser et moins chers que les acteurs traditionnels», analyse le fondateur. Autre différence de Lucca : la startup se concentre sur le SIRH, quand d’autres concurrents ont ajouté cette brique à une autre fonctionnalité : la paye.
«Payfit et Silae sont d’abord des entreprises de paye. Elles ont rajouté des couches de SIRH à posteriori mais ce n’est pas l’idée initiale. Généralement, elles ont du mal à le faire. Il y a une concurrence avec ces entreprises», poursuit le dirigeant. «Le marché se répartit assez naturellement, entre 10 et 20 personnes n’ont pas besoin de logiciels très sophistiqués, elles se tournent vers les modules de Payfit et Silae. Quand elles grossissent et dépassent 50 collaborateurs, elles viennent nous voir.»
Pas de rentabilité mais des investissements humains importants
Lucca compte 9000 clients en France, en Suisse, en Espagne et en Allemagne. Le marché français reste le premier marché de la HRtech et de loin : «90% sont Français.» Ce marché dégage 56,1 millions d’euros d’ARR et compte plus de 3 millions d’utilisateurs. Après avoir bouclé une levée de fonds de 65 millions d’euros, dont 30 millions d’euros en secondaire, avec OnePeak, rallongée de 41 millions d’euros l’année suivante, n’est pas encore rentable. «Il suffit d’arrêter de recruter et en un an, Lucca est rentable», affirme Gilles Satgé. Après avoir embauché plus de 220 nouveaux collaborateurs en 2024, cette politique de recrutement se poursuit avec un objectif de 300 nouvelles personnes pour 2025. Lucca atteindrait alors les 950 salariés. Ces nouveaux collaborateurs sont principalement des ingénieurs au service de la R&D. 36% du chiffre d’affaires de la scaleup a été consacré à la R&D.
Lucca s’apprête donc à dévoiler deux nouvelles solutions : l’ATS, application tracking system, pour la gestion des recrutements et, autre nouveauté pour la fin de l’année, la planification. «C’était un peu un serpent de mer chez nous mais ça y est, nous y sommes !» Enfin, Lucca s’attaque à un marché connexe avec un nouveau développement annoncé le 7 mars prochain : «Cela nous sort de notre zone de confort, et concerne les avantages salariaux», confie le président. Pourtant, pas encore d’intelligence artificielle pour Lucca ! «Nous n’avons pas encore trouvé, pour nos softwares, le truc qui fait dire “wahou” !»
Dans un contexte ralenti pour la French Tech, en pleine phase de maturation, de plus en plus de scaleups se lancent dans cet exercice de publication annuelle de leur compte. Ornikar, par exemple, affiche 100 millions de revenus pour l’année 2024 et 33% de croissance. Alan, coutumière du fait, a partagé un ARR de 505 millions d’euros pour l’année écoulée. Lucca se plie à cet exercice «depuis toujours». «On communique sur l'indicateur essentiel qui est l’ARR, et sur lequel effectivement nos concurrents préfèrent rester discret, c'est une manière de se démarquer, de faire la différence», confie Gilles Satgé.