En tant que cofondateur d’une structure dédiée à orienter les dons vers les organisations les plus efficaces, je suis convaincu qu’on peut transformer son argent en véritable levier de changement mais seulement si on utilise une approche scientifique. 

Alors que fleurissent les néobanques dites « vertes », vantant épargne responsable et empreinte carbone maîtrisée, il est essentiel de distinguer le simple habillage marketing d’une réelle contribution à la transition écologique.

Le dernier rapport Banking on Climate Chaos est sans appel : en 2024, les 65 plus grandes banques mondiales ont prêté 869 milliards de dollars aux énergies fossiles, soit + 23 % en un an, alors que les experts appellent à multiplier par trois à six les financements verts pour tenir l’Accord de Paris.

Dans ce paysage, les néobanques vertes utilisent l’urgence climatique avec des slogans séduisants («- 79 % de CO₂ », « financement de projets verts »). Ces chiffres méritent d’être disséqués pour éviter le piège du greenwashing.

Le désinvestissement : un geste symbolique mais limité

Le premier argument des néobanques vertes est de ne pas financer les énergies fossiles. Pourtant, dans la finance mondialisée, tout fonds retiré peut aussitôt être remplacé par d’autres investisseurs, attirés par la rentabilité des majors pétro-gazières : fermez une porte, et une autre s’ouvrira vers le charbon ou le pétrole.

Résultat ? Malgré des promesses de réduction significative des émissions de CO2, l’effet sur le modèle économique des géants fossiles reste marginal. Plusieurs études récentes mettent en évidence que ce désinvestissement n’entraîne aucune réduction des émissions, la plus optimiste évoque une réduction jusqu’à 7 % des émissions, loin des besoins réels pour contenir le réchauffement.

Les limites de l’investissement « vert »

Si l’on veut espérer avoir un impact, il ne suffit pas de retirer des capitaux des secteurs polluants : il faut rediriger les financements là où chaque euro aura la chance de faire la différence. Là encore, la recherche montre plusieurs limites : identifier les entreprises ayant un réel impact positif, accepter de faire des compromis sur les rendements financiers, se demander enfin si notre argent n’aurait pas été remplacé par d’autres investisseurs, autrement dit si l’entreprise aurait pu trouver des fonds ailleurs.

Sans penser à cela, c’est comme arroser une plante déjà gorgée d’eau : l’effort ne fait pas de différence, et l’impact escompté n’aboutit pas. 

Les principes clés de l’investissement à impact, à savoir soutenir directement des populations vulnérables, cibler les secteurs négligés, accepter des rendements plus faibles et tirer parti d’une information privilégiée, offrent un cadre. Mais dans un univers concurrentiel, prôner ces bonnes pratiques ne garantit pas toujours un impact concret, et d’autres leviers peuvent souvent être plus efficaces.

Pourquoi utiliser un intermédiaire pour avoir un impact climatique ?

L’engouement pour les néobanques illustre la volonté des individus de contribuer : ils consacrent du temps et acceptent parfois des frais plus élevés.  Et puisque l’impact par l’investissement est incertain, on peut toujours se rassurer en voyant que ces banques font régulièrement des dons à des associations. 

En effet, là où l’épargne « verte » demeure soumise aux aléas des marchés financiers, le don ciblé garantit un impact direct, transparent et mesurable : un euro donné change réellement la donne, alors qu’un euro placé n’est souvent qu’un simple chiffre à l’écran.

Pourtant, tous les dons ne se valent pas : choisir les associations les plus efficaces peut amplifier votre impact 100 x. Or, les néo-banques ne s’appuient pas sur les évaluations d’organismes indépendants pour orienter la générosité vers les causes qui font vraiment la différence.

Contrairement aux promesses des néobanques, dont les initiatives bénéficient d’une surveillance indépendante limitée, les associations climatiques les plus performantes ont été rigoureusement évaluées par les principaux organismes d’évaluation caritative mondiaux. Celles-ci se distinguent par une stratégie fondée sur des recherches approfondies et des partenariats ciblés, privilégiant des interventions politiques et technologiques à fort effet de levier pour réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre.

Finalement faire la différence

Ainsi, après avoir étudié un peu plus en détail les principales initiatives mises en avant par les néo-banques vertes, il nous semble donc important d'orienter ses ressources vers des initiatives dont l’impact est scientifiquement validé. L’émergence des néo-banques vertes témoigne certes d’une prise de conscience nécessaire, mais ces offres, soumises à des logiques marketing, peinent à produire un effet systémique. En canalisant votre argent vers des associations efficaces, vous faites de chaque euro un véritable moteur de transformation.