Pour Station F, c’est l’heure du bilan. En cette fin d’année, l’équipe du campus de startups a dévoilé quelques chiffres et enseignements sur son activité au cours des douze mois qui viennent de s’écouler. Pour rappel, ce sont plus de 8 000 startups en huit ans qui sont passées par les murs de l’ancienne halle Freyssinet qui s’étend sur 34 000 mètres carrés à deux pas de la BNF, dans le XIIIe arrondissement de Paris.
Pour se développer, ces jeunes pousses ont besoin de capitaux et cette année aura constitué un nouveau en matière de levées de fonds. En effet, les startups de Station F ont levé 1,5 milliard d’euros en 2025. Au total, ce sont 136 tours de table qui ont été bouclés. Depuis 2022, les startups de Station F ont pris l’habitude de lever plus d’un milliard d’euros par an. Un poids non-négligeable alors que la French Tech devrait boucler l'année à un niveau quasiment similaire à celui de 2024, soit un peu moins de 8 milliards d'euros levés sur l'ensemble de l'année.
Parmi les opérations majeures, l’équipe de l’incubateur met en avant celles de Multiverse Computing (215 millions d’euros), Knave (100 millions) et Lizy (75 millions). Les entreprises du Future 40, la liste des 40 jeunes pousses en pré-seed et seed les plus performantes de Station F, se sont également distinguées, comme Genesis (90 millions), Genomines (45 millions), Phagos (25 millions) et Tomorro (25 millions).
29 opérations de M&A
Après la question des levées de fonds, vient celle des fusions-acquisitions. Station F a recensé 29 opérations de ce type cette année. Parmi les opérations notables, il y a notamment le rachat de la startup bordelaise Pollen Robotics (Future 40 2024), qui conçoit et fabrique des robots humanoïdes en open source, par la licorne franco-américaine Hugging Face, spécialisée dans l'IA open source. Cette acquisition constitue d’ailleurs la première pour Hugging Face dans la robotique, et la sixième de son histoire.
De son côté, Lemlist, une autre pépite qui figurait au Future 40 en 2019, a annoncé en octobre le rachat de la startup française Claap, qui épaule les équipes commerciales avec de l’IA générative. Aujourd’hui, Lemlist enregistre 35 millions d’euros de revenus annuels récurrents, avec une croissance de 65 % sur un an. Valorisée à plus de 150 millions de dollars, la société de Guillaume Moubeche n’a jamais levé de fonds !
Station F, poumon de la folle année de l’IA de la French Tech
Si l’équipe de Station F se réjouit de la vitalité de l’écosystème qui s’est développé entre ses murs, elle observe cependant que près de la moitié des entreprises qui intègrent l’incubateur (47 %) n’ont pas une stratégie d’exit clairement définie et que seulement 16 % envisagent une introduction en Bourse. Sans doute l’instabilité politique en France et le climat géopolitique à l’international n’aident pas les entrepreneurs à se projeter.
En revanche, les fondateurs embrassent pleinement la révolution de l’intelligence artificielle. Ainsi, près de 80 % des startups du campus sont spécialisées dans l’IA et l’équipe de l’incubateur assure même que 40 % des jeunes pousses françaises de l’IA sont passées par Station F ! Autrement dit, le campus joue un rôle majeur dans la structuration de l’écosystème IA dans l’Hexagone. Parmi les modèles d’IA qui ont le plus de succès auprès des entrepreneurs de Station F, ceux d’OpenAI arrivent en tête, très loin devant ceux de Mistral AI et Anthropic.
En matière d’IA, le campus XXL de startups a été le théâtre du «Business Day» du Sommet pour l’Action sur l’IA en début d’année. A cette occasion, Emmanuel Macron, Sam Altman (OpenAI), Arthur Mensch (Mistral AI), Lisa Su (AMD) ou encore Yann LeCun (Meta) étaient présents. Station F a accueilli d’autres événements majeurs, comme la conférence ai-PULSE en novembre, la «VivaTech Party» en juin ou encore le dîner exclusif Future 40 en présence d’investisseurs des meilleurs fonds internationaux et de Tony Parker.
Un campus toujours plus international
Station F, c’est aussi une dimension internationale avec 70 nationalités représentées sur le campus. Les pays les plus représentés sont les États-Unis, le Royaume-Uni, le Maroc, l’Inde, le Japon et la Corée du Sud. Au cours de l’année écoulée, des entrepreneurs issus de 8 nouveaux pays, comme le Mali, le Pakistan, la Hongrie et le Pérou, ont également rejoint Station F. «L’an dernier, notre campus accueillait pas moins de 65 nationalités et nous pensions sincèrement que ce nombre n'augmenterait pas. Et pourtant, c'est le cas ! Nous continuerons d'accueillir des participants de différents pays sur notre campus grâce à nos programmes l'année prochaine», indique l’équipe de l’incubateur initié par Xavier Niel.
Concernant ses programmes, Station F ne s’est pas seulement distingué avec ses partenaires internationaux. En effet, le campus a accueilli en mars son premier club de sport. Il s’agit du Paris Saint-Germain qui y a lancé le programme «PSG Lab Paris» afin d’accompagner des startups prometteuses de la sportech pour leur permettre de prendre leur envol dans l’environnement sportif et business du vainqueur de la Ligue des champions.
Outre une internationalisation qui devrait se poursuivre sur le campus et de nouveaux programme d’accélération en cours d’élaboration, d’autres projets sont dans les cartons pour offrir un cadre toujours plus stimulant aux entrepreneurs hébergés. Après l’ouverture d’un studio de podcast et d’un nouveau restaurant (River Side), un hôtel devrait voir le jour en 2028 juste à côté de Station F pour accueillir notamment les gens de passage sur le campus. Il viendra compléter la résidence de coliving Flatmates à Ivry-sur-Seine, qui offre un lieu d’hébergement aux entrepreneurs de l’incubateur. Une manière de connecter un peu Station F à son quartier tout en restant un bastion de l’entrepreneuriat à la française.