Régulièrement, les startups françaises de l’IA font les gros titres et sont mises à l’honneur à l’international. VivaTech, qui s’est tenu mi-juin, en a encore été la preuve. Arthur Mensch, CEO et fondateur de Mistral AI est monté sur scène aux côtés d’Emmanuel Macron, comme Eléonore Crespo de Pigment et Rachel Delacour de Sweep, Thomas Clozel d’Owkin et Thomas Wolf d’Hugging Face ont également porté la voix de l’IA à la française. Mais derrière ces quelques noms les plus médiatiques, la France abrite 751 startups d’IA (d’après le dernier mapping réalisé par France Digitale). Elles ont levé, depuis leurs créations, près de 13 milliards d’euros.

La Silicon Valley abrite, elle aussi, beaucoup de Français : il y a Fidji Simo, qui rejoint Open AI bien sûr mais également beaucoup d’autres ingénieurs dans les laboratoires ou dans les équipes IA des GAFAM. Au sein des structures américaines installées à Paris, là encore, des stars françaises occupent des postes clés : Yann LeCun et Laurent Solly chez Meta, Guillaume Princen chez Anthropic, Joëlle Barral, directrice de la recherche en IA chez Google DeepMind. Quels sont les parcours de ces ingénieurs et de ces fondateurs ? Le fonds d’investissement Serena a analysé plus de 780 profils de fondateurs français ayant créé plus de 300 startups qui ont levé plus de 5 millions d’euros, et 4800 profils techniques français dispersés dans les 80 entreprises d’IA les plus influentes du monde, pour en dresser un portrait-robot.

Les fondateurs IA vivent leur première création d'entreprise après 10 d'expérience

Arthur Mensch a créé Mistral AI, avec deux cofondateurs, après être passé par Polytechnique, Telecom Paris puis l’ENS. Il est titulaire d’un doctorat et a travaillé trois ans au sein du laboratoire de Google Deepmind. Mais sur ce dernier point, il fait figure d’exception. En effet, d’après l’étude de Serena, les fondateurs français de l’IA sont des professionnels expérimentés : ils ont en moyenne dix ans d’expérience professionnelle avant de lancer leur première startup. Ils sont restés, en moyenne entre 6 et 7 ans dans la même entreprise et sont âgés de 30 à 35 ans. La majorité sont des « first-time founders » mais près de 31% des profils analysés par l’étude sont des repeat founders. Ce chiffre devrait augmenter alors que l’écosystème IA français est de plus en plus matures et profite de plus d’infrastructure.

Côté parcours, ces entrepreneurs sont passés par les meilleures écoles et les plus grandes entreprises. 7 écoles fournissent 60% des fondateurs et à la première place, devant les autres formations, on retrouve, sans surprise, l’X (Polytechnique). C’est HEC qui se place en deuxième, juste devant Centrale Supélec. Après leur diplôme, parfois PhD mais au niveau master pour la grande majorité, trois voies s’ouvrent pour ces futurs founders. D’abord : la recherche, ils rejoignent alors de laboratoires réputés comme l’Inria, l’antenne de Google ou encore celle de Meta. L’ingiénérie, cette fois, les entreprises les plus représentées dans le parcours de ces Français sont Thalès, Microsoft, Orange, et IBM. Enfin, il y a bien sûr ceux qui ont eu un parcours orientés vers le business, ils sont alors souvent passés par Capgemini ou BNP Paribas.

Les GAFAM misent sur les talents français de l'IA

Paris reste le hub de l’IA en France. Parmi les startups analysées par Serena, 220 sont fondées à Paris, une vingtaine ont leur siège en dehors de France, comme Hugging Face installée à New York, par exemple. Et c’est aussi le cas pour les profils techniques. Les GAFAM et les géants français s’arrachent ces profils pour venir diriger ou enrichir leurs équipes techniques. Plusieurs startups sont également dans cette chasse aux meilleurs talents et choisissent Paris pour installer leur hub européen : c’est le cas de Snapchat, de Trade Republic ou encore de Riot. C’est donc dans la Ville Lumière qu’on retrouve la majorité de ces profils, leur deuxième localisation est sans surprise la baie de San Francisco. Et ce sont les américains qui, en majorité, arrivent à séduire ces talents rares : Google, Amazon, Microsoft, Meta ou encore Apple et Nvidia sont des repères d’ingénieurs, de développeurs frenchy.

Ces talents rares sont souvent passés par les mêmes formations que leurs collègues fondateurs : l’X, CentraleSupélec et Telecom Paris. Aujourd’hui, ces profils suivis par Serena sont chargés de recherche ou data scientists, ils sont une minorité à être CTO.

Autre enseignement du scan de Serena, les femmes sont encore très effacées de ce secteur, que ce soit chez les fondateurs ou chez les talents. Parmi les 4800 profils techniques sourcés par le fonds, elles ne comptent que pour 22%.