Le premier semestre 2025 a été mouvementé pour la French Tech. L’intelligence artificielle continue de s’imposer partout et la question de son adoption quotidienne dans les grands groupes prend de plus en plus d’ampleur. Tout l’écosystème s’est retrouvé lors de deux grands rendez-vous : le Sommet pour l’Action sur l’IA, les 10 et 11 février dernier, et la neuvième édition de VivaTech, du 11 au 14 juin, Porte de Versailles.
En parallèle de cette révolution technologique, les startups et scaleups de la French Tech ont dû continuer à gagner en robustesse pour rassurer leurs investisseurs et faire face au contexte économique. La Loi de Finances a notamment coupé le robinet pour nombre de deeptechs. « Rentabilité » sera définitivement le mot de l’année 2025 alors que de plus en plus d’entreprises tech atteignent ce stade.
Cette première partie d’année a également été marquée par des personnalités fortes qui ont su imprimer leur marque sur la French Tech. Arthur Mensch, fondateur de Mistral, et Clara Chappaz, ministre du Numérique et de l’IA, restent bien sûr les ambassadeurs mondiaux d’une tech à la française et ont assis leur rôle ces six premiers mois de 2025. Mais quelques voix se sont également dégagées dans le brouhaha médiatique…
Luc Julia, le trublion de l’IA
Loin d’être un inconnu, Luc Julia a marqué ce début d’année 2025. Il avait terminé fort 2024 avec la sortie d'une série documentaire dont il est le personnage principal, « Silicon Fucking Valley » diffusée sur Arte. En mai, il a publié son livre « IA génératives, pas créatives. L’intelligence artificielle n’existe (toujours) pas », aux éditions du Cherche-Midi. Un essai dans lequel il démystifie l’intelligence artificielle.
Le directeur scientifique de Renault, co-créateur de Siri, s’est fait remarqué particulièrement pour ses petites phrases dans les médias. L’ingénieur, qui vit entre la France et les États-Unis, ne mâche pas ses mots : « Je cherche à déconstruire le mythe de se faire peur (…). Ce ne sont que des maths », a-t-il récemment déclaré au journal local La Dépêche du Midi. « Les 500 milliards de Stargate, c’est du vent pur », « ce n’est pas une révolution qui va amener des choses extraordinaires », a-t-il déclaré à Maddyness. Luc Julia se bat contre une vision naïve de l’intelligence artificielle, à la Terminator ou celle présentée dans le film Her. Pour lui, ces ordinateurs presque humains n’existeront jamais.
Julie Huguet, l’étoile montante
Nommée directrice de la Mission French Tech fin 2024, Julie Huguet a pris son temps. Ce n’est qu’au mois de janvier de cette année qu’elle a dévoilé sa feuille de route. Elle l'organise autour de trois axes : booster « Je choisis la French Tech », améliorer les relations entre startups et fonds et ce sur tout le territoire, capitaliser sur l’excellence française et accompagner les entreprises à l’étranger.
S’il est vrai que son profil, tourné vers les régions, a pu étonner, en plein débat autour du 28ème régime européen, Julie Huguet a su, petit à petit, s’affirmer sur la scène tech française. Lors de la dernière édition de VivaTech, elle a pu célébrer avec son équipe le milliard d’euros engagé (sur deux ans) dans le programme « Je choisis la French Tech », en présence du Premier ministre François Bayrou et du ministre de l’Économie Éric Lombard. Belle photo de famille autour de la directrice de la Mission French Tech ! Elle a par ailleurs été diplômée au printemps d’un MBA à HEC.
Andréa Bensaïd, le boss du SEO
10 après la création de son entreprise experte en référencement et SEO, Andréa Bensaïd s’est lancé dans un nouveau défi : 199 Ventures. Ce fonds d’investissement early stage se définit comme « le premier avec une expertise marketing ». 199 Ventures gère 30 millions d’euros qui proviennent exclusivement de l’entrepreneur. Son family office compte déjà deux participations (en un mois d’existence) : Stairling, une plateforme pour permettre aux chauffeurs VTC de profiter d’avantages salariés, soutenue aux côtés de Plug and Play Ventures et de Kima, et Spiko, une fintech pour rentabiliser la trésorerie des entreprises, épaulée avec Frst, White Star Capital et Kima. Dans la première startup, 199 Ventures a misé 50 000 euros, 100 000 dans la deuxième.
Andréa Bensaïd ne veut pas s’arrêter simplement à l’investissement. Il se donne une contrainte supplémentaire : « le build in public. » L’entrepreneur s’est engagé à partager publiquement et en toute transparence toutes les étapes de création et d’investissement de son fonds de VC. Une démarche singulière dans le monde de l’investissement alors que les montants et la valorisations restent encore trop souvent secrets. Avec Eskimoz, Andréa Bensaïd est également à un carrefour : s’il veut conserver sa place, il faudra prendre le virage des LLMs et vite craquer la méthode pour remonter dans les réponses générées par l’IA. Une fin d’année décidément décisive pour l'entrepreneur !
Cédric Meston, reconversion réussie
Séchez vos larmes, non, Tupperware ne va pas disparaître. La marque et ses avoirs ont été repris par un entrepreneur bien connu de la French Tech : Cédric Meston. Le cofondateur d’Happyvore a annoncé reprendre cette marque iconique en mars 2025. Avec deux associés, il souhaite la relancer dans 5 pays européens : France, Allemagne, Italie, Belgique, Pologne, et vise 100 millions de chiffre d’affaires d’ici la fin d’année. Un objectif ambitieux.
La reprise d’entreprise, c’est la nouvelle vocation de Cédric Meston. L’entrepreneur a créé un groupe, baptisé Revive, dédié aux relances d’entreprises en difficulté. « J’ai réuni autour de moi une petite dizaine d’anciens entrepreneurs spécialisés dans la reprise et avec des compétences sur des problématiques spécifiques », a-t-il expliqué à Maddyness en juin dernier. Cédric Meston a également lancé France Reprises, une association pour aider plus d’entrepreneurs à reprendre des projets et à porter des sujets dans l’économie. Après Tupperware mais également la marque de fauxmages Jay & Joy, Cédric Meston devrait se positionner sur d’autres dossiers. À suivre.
Alice Lhabouz, de la Bourse à la télé
Alice Lhabouz a réussi un grand écart : passer de l’investissement côté au VC. La gérante déjà habituée des plateaux télés a rejoint le jury de l’émission diffusée sur M6 « Qui veut être mon associé ? » (QVMA). Aux côtés de Marc Simoncini, Éric Larchevêque et Kelly Massol, elle s’est prêtée au jeu des pitchs et a investi dans trois startups, Block’Fire, SecurClés, et Club Legacyz, pour un montant total d’un peu plus de 500 000 euros.
L’investisseuse devrait retrouver son fauteuil pour la prochaine saison. Mais elle a également réussi un autre tour de force : celui de vendre sa société de gestion, Trencento Asset Management, qu’elle a créée en 2011, à son principal concurrent Uzès Gestion, un groupe familial. Le montant de l’opération n’a pas été divulgué mais Alice Lhabouz a bien vendu l’ensemble de ses parts. Elle souhaite désormais se concentrer sur un nouveau projet dédié à l’éducation financière du grand public français.
Ils sont à suivre dans la French Tech en deuxième partie d’année
La rentrée s’annonce déjà chargée pour Maya Noël et son équipe. France Digitale, dans l’organisation de son FDDay le 17 septembre prochain, est également déjà au travail en vue des discussions sur la prochaine loi de finances au Parlement. Maya Noël, actuellement en congé maternité, va devoir remonter au créneau pour les startups, entourée du board de l’association. Fidji Simo, la plus américaine des Françaises, devraient entrer officiellement en fonction chez OpenAI autour de la rentrée scolaire. La future bras droit de Sam Altman et « CEO des applications », dévoile peu à peu sa vision de l’IA générative et comment elle peut bouleverser le quotidien de chacun.
Thomas Perret, fondateur de Mon Petit Placement, publie, en tirage très limité mais accessible à tous en PDF, la deuxième édition de son cahier de vacances sur l’éducation financière. Malakoff Humanis est devenu actionnaire majoritaire de sa société, le CEO garde 15% des parts et les mains libres pour continuer à développer sa fintech. Antoine Hubert devrait sortir du bois en cette deuxième partie d’année. Maddyness vous l’avait révélé, le fondateur d’Ynsect travaille sur une nouvelle jeune pousse une nouvelle fois liée à l’élevage d’insectes : Keprea. Enfin, il faudra attendre 2026 pour découvrir la nouvelle saison de « QVMA » ! Mais pour participer à un concours de pitchs, pas besoin de patienter, Maddyness vous embarque avec son Fundtruck le 11 septembre à Saint-Malo.