Et une année de plus autour du soleil ! Celle-ci aura été particulièrement intense pour la French Tech. Des bonnes nouvelles, des tensions, des doutes, des licenciements et quelques motifs d'espoir pour l'avenir... Il y a tout eu durant cette année 2025 ! Maddyness vous propose de revenir sur 10 actualités qui ont marqué l'écosystème au cours de ces douze derniers mois.

Mistral AI, première décacorne de la French Tech

La French Tech aura attendu l'année 2025 pour accueillir sa première décacorne. Elle se nomme Mistral AI, la pépite française de l'IA générative, qui a annoncé en septembre avoir bouclé une série C de 1,7 milliard d'euros, dont 1,3 milliard auprès du géant néerlandais ASML. Un montant historique pour une startup française. Elle est désormais valorisée 11,7 milliards d'euros, ce qui en fait la première startup française de l'histoire valorisée plus de 10 milliards d'euros.

Pour rester l'un des fers de lance européens de l'IA, l'entreprise embauche à tours de bras. Par conséquent, la société dirigée par Arthur Mensch va s’installer dans un tout nouveau siège à Paris dans les prochains mois. Basée actuellement dans le Xe arrondissement de la capitale, l’entreprise tricolore va poser ses valises dans le XVIIIe, à quelques encablures du Sacré-Cœur de Montmartre. Avec ce nouveau siège, Mistral AI pourra héberger jusqu’à un millier de collaborateurs sur six étages.

La taxe Zucman : le feuilleton de la rentrée qui a électrisé la French Tech

A peine les derniers jours de vacances digérés, l'écosystème a vu rouge quand l'idée de la taxe Zucman a enflammé la sphère médiatique. Pour rappel, l’économiste Gabriel Zucman proposait d’imposer à hauteur de 2 % les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros. Ainsi, cette taxe, si elle était instaurée, pourrait s'appliquer aux fondateurs de licornes et de startups françaises, qui détiennent une part significative de leur entreprise. C'est notamment le cas des fondateurs de Mistral AI, valorisée aujourd'hui près de 12 milliards d'euros après sa méga-levée de fonds de 1,7 milliard d’euros. De quoi faire enrager les entrepreneurs de la French Tech, dont la plupart y ont vu une énième provocation leur donnant envie de quitter la France.

Si Gabriel Zucman a défendu sa taxe becs et ongles, y compris devant les entrepreneurs et les investisseurs de la French Tech lors d'un débat avec l’économiste Philippe Aghion à l'occasion du FDDAY, cela n'a pas suffi pour la faire adopter à l'Assemblée nationale. En effet, les députés n’ont pas voté en faveur de l'amendement de la députée écologiste Éva Sas, qui visait à instaurer la taxe Zucman, avec 231 voix contre et 168 voix pour. Pas plus de succès pour l’amendement visant à instaurer une version allégée qui a connu un sort similaire, avec 171 voix pour et 228 contre. De quoi faire souffler un léger vent d'accalmie dans une French Tech qui commençait à songer à lancer un nouveau mouvement des Pigeons.

Ÿnsect : clap de fin pour l’ex-fleuron industriel de la French Tech

La promesse était ambitieuse, elle se sera finalement soldée par une immense déception. En effet, Ÿnsect, le spécialiste français de la production de protéines à base d’insectes, ne verra pas 2026. Le tribunal de commerce d’Évry a prononcé la liquidation judiciaire de l’entreprise à l’issue d’une audience qui s’est tenue le 1er décembre. Cette décision laisse les 43 derniers salariés d’Ÿnsect sur le carreau. La société avait jusqu'à fin janvier 2026 pour trouver des investisseurs ou des repreneurs.

Alors que sa survie ne tenait plus qu’à un fil, la société s’était placée sous la protection d’une procédure de sauvegarde en septembre 2024. Une décision pour gagner un peu de temps en vue de trouver une solution à ses problèmes financiers en opérant une restructuration de ses activités. Néanmoins, la situation continuait de se dégrader et l’entreprise avait été placée en redressement judiciaire en début d’année. Mais ni le licenciement de près de 140 salariés au printemps, ni la prolongation de la période d’observation n’auront permis d’inverser la tendance.

Éric Larchevêque dévoile le projet «le plus important de sa vie» avec Tony Parker

Fin novembre, Éric Larchevêque s'est relancé dans l'entrepreneuriat avec «The Bitcoin Society» (TBSO). Présenté en grande pompe lors d'une keynote, le projet du co-fondateur de Ledger est basé sur un modèle original qui combine une «Bitcoin Treasury Company» associée à une société en réseau dédiée à la souveraineté financière individuelle et à des clubs pour entrepreneurs et investisseurs. Cette entreprise, qui ne détient encore aucun bitcoin, doit permettre de bâtir une trésorerie de plusieurs milliards d'euros en bitcoins pour faire contre-poids au système monétaire actuel en atteignant une taille critique pour pouvoir négocier avec les États.

Ainsi se présente le nouveau projet d’Éric Larchevêque, qu’il lance avec Nathan Benchimol, ex-banquier qui s’est reconverti dans les cryptomonnaies, et Tony Parker, légende vivante du basket français qui s’est concentré sur l’investissement ces dernières années. Désormais sorti de son «stealth mode», le projet The Bitcoin Society doit maintenant faire ses preuves.

IA : Yann LeCun quitte Meta pour lancer une startup

Le célèbre chercheur français, considéré comme l’un des pères fondateurs de l’intelligence artificielle, a annoncé sur Facebook son départ du groupe américain. Il aura passé 12 années au total dans le giron de Meta : 5 pour bâtir le Facebook Artificial Intelligence Research (FAIR) et 7 en tant que responsable de la recherche IA chez Meta. Alors qu’il s’apprête à quitter l’entreprise qui l’a hébergé pendant 12 ans, le lauréat du prix Turing 2018 a confirmé qu’il allait lancer une startup… dans l’intelligence artificielle forcément !

Selon le Financial Times, le lauréat du prix Turing 2018 aurait entamé des discussions pour lever 500 millions d’euros avant le lancement officiel de sa société en janvier 2026. L’opération valoriserait la jeune pousse à hauteur de 3 milliards d’euros. Toujours d’après le quotidien économique britannique, la startup de Yann LeCun serait baptisée «Advanced Machine Intelligence Labs» (AMI Labs) et l’ex-responsable de la recherche IA chez Meta devrait en être le président exécutif.

Lors de l’événement ai-PULSE à Station F début décembre, Yann LeCun a confirmé son intention de poursuivre ce qu’il a entamé avec le programme de recherche en intelligence artificielle avancée (AMI) au sein de Meta. Pour mener à bien sa mission avec sa startup, Yann LeCun a choisi de nommer Alexandre Lebrun, co-fondateur et CEO de Nabla, au poste de directeur général, selon des sources proches du dossier citées par le Financial Times.

Fidji Simo, une Française aux côtés de Sam Altman chez OpenAI

Une Française qui devient le bras droit de Sam Altman, c'est évidemment un événement qu'il convient de souligner. Cet été, Fidji Simo est devenue directrice générale en charge des applications chez OpenAI. Une fonction lourde de responsabilités qui vient aussi couronner le parcours hors normes de la Française originaire de Sète.

Originaire d’une famille de pêcheurs à Sète, la Française, diplômée d’HEC Paris, a fait ses gammes dans la Silicon Valley dans les rangs d’eBay, avant de rejoindre Meta en 2011. Elle restera plus d’une décennie dans l’entreprise de Menlo Park, où elle gravira les échelons jusqu’à devenir la directrice de l’application Facebook. Une ascension qui n’avait pas manqué de susciter l’admiration de Mark Zuckerberg et Sheryl Sandberg, qui l’avait prise sous son aile. Débauchée en 2021 par Instacart, Fidji Simo a mené avec succès cette entreprise américaine vers une entrée en Bourse à Wall Street en septembre 2023.

Octave Klaba reprend la main sur OVHcloud

Pas facile d’exister dans l’ombre d’Octave Klaba. Benjamin Revcolevschi, directeur général d’OVHcloud depuis un an, l’a appris à ses dépens. En effet, le conseil d’administration du groupe nordiste a décidé en octobre de mettre fin à son mandat à la tête de la société française.

Plutôt que de chercher un nouveau profil, l’entreprise de Roubaix a préféré confier les fonctions de PDG à Octave Klaba. Il a ainsi retrouvé dès ce 20 octobre un poste qu’il avait cédé il y a sept ans. En 2018, l’emblématique entrepreneur d’origine polonaise avait lâché ses fonctions de directeur général au profit de Michel Paulin. Ce spécialiste des télécoms (Neuf Cegetel/SFR) sera resté en poste durant six années, avant de passer la main l'an passé à Benjamin Revcolevschi, qui n’aura donc passé qu’une toute petite année à la tête d’OVHcloud. Octave Klaba a acté cette reprise en main lors de l'OVHcloud Summit en novembre.

3 ministres du Numérique et de l'IA en un an

Il y a eu du mouvement à Bercy cette année ! En raison de l’instabilité politique qui secoue la France depuis juin 2024, les ministres se retrouvent sur un siège éjectable. Néanmoins, Clara Chappaz aura passé l’essentiel de l’année au poste de ministre déléguée en charge du Numérique et de l’intelligence artificielle. Le temps pour cette ancienne cadre de Vestiaire Collective de mener à bien l’organisation du Sommet pour l’Action sur l’IA au Grand Palais et à Station F. Elle aura aussi lancé le plan national «Osez l’IA» pour accélérer l’adoption de l’IA dans les entreprises françaises.

Après la chute du gouvernement de François Bayrou, c’est Sébastien Lecornu qui a repris les rênes de Matignon en septembre. Après de longues semaines d’attente, il nommera Naïma Moutchou au Numérique et à l’IA… mais celle-ci ne restera en poste qu’une nuit ! Attaqué de toutes parts, Sébastien Lecornu remettra sa démission dès le lendemain. Celle-ci sera refusée par Emmanuel Macron. La deuxième tentative fut finalement la bonne. Une semaine plus tard, c’est Anne Le Hénanff qui a été nommée pour reprendre l’IA et le Numérique.

Fruitz racheté sur le fil à Bumble

Les histoires d'amour ne finissent pas toujours mal, même sur l'impitoyable marché des applications de rencontres ! Alors qu’elle devait fermer ses portes à l’issue du premier semestre 2025, l’application française Fruitz a finalement été sauvée sur le fil. Et pour cause, ses fondateurs ont décidé de la reprendre à Bumble, trois ans après l’avoir cédée au groupe américain.

Pour rappel, Bumble avait racheté Fruitz en 2022 pour 75 millions de dollars, la toute première acquisition du groupe américain qui y voyait un moyen de conquérir l’Europe. Mais Bumble, en difficulté face au mastodonte Match Group (Tinder, Hinge, Meetic…), avait finalement décidé de s’en séparer en début d’année pour se recentrer sur son application éponyme. Un coup rude à encaisser pour les fondateurs de Fruitz, Julian Kabab, Fabrice Bascoulergue et Arnaud Ruols, qui ont formé une offre suffisamment solide pour séduire le propriétaire américain. En quatre mois, l'opération a été bouclée !

Toujours sur le marché des applications de rencontres, Happn a décidé de «dater» Hello Group. L’application française passe ainsi sous pavillon chinois. C’est donc un nouveau chapitre aux accents asiatiques qui s’ouvre pour Happn. En effet, Hello Group détient plusieurs réseaux sociaux et applications de rencontres, comme Momo et Tantan en Asie Pacifique. Une nouvelle région du monde à conquérir pour Happn, qui revendique plus de 170 millions d’utilisateurs à travers le monde, en particulier en Inde, en Turquie, en Amérique latine mais aussi en Europe. En France, l’application compte 16 millions d’utilisateurs.

Des saignées dans les effectifs en plein marasme économique et politique

L’année n’aura pas été simple pour les startups françaises, y compris pour ses fers de lance. Dans un contexte économique délicat, amplifié par l’instabilité politique, certaines entreprises de la French Tech ont été contraintes de réduire leurs effectifs. Parmi elles, on retrouve notamment Sorare, qui a présenté un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) qui concerne 35 % de ses effectifs, soit une trentaine de postes parmi les 110 salariés de l’entreprise. Sorare a également pris la décision de fermer son bureau new-yorkais. L’an passé, l’entreprise avait déjà réduit son équipe américaine pour se recentrer sur Paris.

Dans le domaine de la biotech, Owkin a également engagé un processus pour se séparer d’une cinquantaine de salariés parmi ses 325 collaborateurs. Thomas Clozel, CEO et co-fondateur de la startup, explique cette réduction de voilure par le fait qu’elle souhaite désormais se concentrer sur son activité d’intelligence artificielle «pure». Dans le secteur de l’e-commerce, Showroomprivé a également annoncé cet automne son intention de se séparer jusqu'à 11 % de ses effectifs. soit 121 postes. L'entreprise est en difficultés financières. Elle a perdu 40 millions d'euros en 2024.